Petit cochon dans le miroir

Des formes de Christ dans mon verre

Des fissures dans le pâle mur bleu

Je marche lentement, puis plus vite

Mais toujours en avant

Et je me tortille sur le sol

Des fleurs dans ta bouche et la même chanson sèche

Routine du pays du rire

Seize jambes blanches et une rangée de dents

Je te regarde en secret

Tu meurs, l’espoir s’en est allé

Et une fois de plus, nous n’arrivons nulle part

Enfermé dans mon masque, je change beaucoup trop

Je ne sors pas du trou où je suis tombé

Sautille avec moi

Dans cette danse oubliée

Tu te brûleras au soleil de minuit

Ta vie est froide, ta vie est dure

Ta vie va bien au-delà des mots

Ce qui arrive est un tel soulagement

Un autre point d’une autre vue à envoyer

Nous conversons et c’est si sécurisant

Oh, je te nourris dans mes rêves…

Des pas sur un fil

Loin au-dessus de ma tête

La tâche révèle mon intention profonde

Je suis la bête qui attend

Je suis le nerf pincé

Et je danse en revenant

Vers le corps dans mon lit

Regarde ce petit cochon,

Ce petit cochon dans le miroir

Robert Smith, Piggy in the mirror, sur l’album The Top

Frères siamois

J’ai choisi une éternité de ça

Tel les anges déchus

Le monde a disparu

Riant dans le feu

Est-ce toujours ainsi ?

Sang et chair et le permier baiser

Les premières couleurs, le premier baiser.

Vrillés sous une lumière rouge

Sourire vaudou

Frères siamois

Une fille à sa fenêtre me regarde depuis une heure

Puis tout tombe en morceau

Brisé en moi

Tout s’effondre

Les murs et le plafond bougent en cadence

J’empoigne une lame

Doucement je monte les escaliers

Puis j’arrive dans la chambre

Est-ce toujours ainsi ?

Des vers me mangent la peau

Dansent dans mes poches

Elle rougeoie et grandit

Les bras ouverts

Ses jambes m’enserrent

Au matin j’ai pleuré

Laisse moi mourir

Tu oublieras ma voix

J’ai marché loin et vieilli

Tu ne parles jamais

Nous ne sourions jamais

Je crie : tu n’es rien

Je n’ai plus besoin de toi, tu n’es rien

Puis tout s’efface et tourbillonne

Tout s’efface et tourbillonne

Chante-le fort : nous mourons tous

Riant au milieu du feu

Est-ce toujours ainsi ?

Robert Smith, Siamese Twins, sur l'album Pornography

Plainsong

Je pense qu’il fait sombre, comme s’il pleuvait, dis-tu

Et le vent souffle comme à la fin du monde, dis-tu

Et il fait si froid, un froid de mort

Et tu souris juste une seconde

Je me sens vieille et je souffre, dis-tu

Et tout s’en va comme à la fin du monde, dis-tu

Et il fait si froid, un froid de mort

Et tu souris juste une seconde

Parfois, tu me fais me sentir

Comme penché aux lisières du monde

Comme penché aux lisières du monde.

C’est juste ma façon de sourire, dis-tu

Robert Smith, album Disintegration, 1989